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Partenariat UMQ-Énergir pour les jeunes de la DPJ

Publié le 15 février 2021

En 2020, l’UMQ et Énergir ont conclu un partenariat visant à consolider leur appui commun aux jeunes sous la protection de la jeunesse, partout au Québec. Dans le cadre de cette initiative, les deux organisations ont versé conjointement un don totalisant 40 000 $ à 40 centres de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation, dans toutes les régions du Québec. Ces fonds ont permis à chaque centre de se doter d’équipement sportif et récréatif à l’intention de leurs clientèles en privilégiant l’achat local, lorsque c’était possible, et d’encourager ainsi les jeunes à bouger et à demeurer actifs.

Afin d’en apprendre davantage sur les retombées positives de ce projet, l’UMQ et Énergir ont entrepris une série d’entretiens avec des représentants régionaux de la Direction de la protection de la jeunesse et des fondations des centres jeunesse. Le premier que nous vous présentons aujourd’hui a été réalisé avec madame Suzie Roy, directrice générale de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie.

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En introduction, parlez-nous de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie, de son mandat, etc.?

En fait, la Fondation a comme mandat principal d’aider les jeunes qui sont en situation d’abandon, c’est à dire des enfants qui sont placés jusqu’à majorité suite à une ordonnance du tribunal de la jeunesse. Cela veut dire pas de possibilité de revoir les parents avant d’avoir 18 ans. Vous comprendrez qu’il y a un long processus avant que cela n’arrive et ce n’est pas pour des petites chicanes familiales qu’un juge va placer un enfant jusqu’à sa majorité.

Sur le territoire de la Montérégie seulement, il y a 750 jeunes qui sont dans cette situation. 750 jeunes qui sont placés jusqu’à majorité, c’est malheureux, c’est énorme. Notre mission première, c’est de s’occuper de ces enfants. Nous ne sommes pas là pour prendre la responsabilité du gouvernement, mais bien pour palier aux manques. Tout ce que le gouvernement peut offrir, il l’offre, et la Fondation vient en surplus. Quand je dis en surplus, c’est un cours pour aller faire du soccer l’été, être à un camp ou pouvoir avoir une bicyclette. Vous comprendrez que le centre jeunesse s’occupe de plusieurs enfants, il les héberge, les nourrit, s’assure qu’ils sont bien éduqués, qu’ils sont bien scolarisés, mais on arrive à un certain point où le budget est limité et c’est là que la Fondation intervient.

Après, on s’occupe de tous les enfants qui sont placés en centre jeunesse pour de courtes, moyennes ou longues périodes, bref, de tous les jeunes qui sont placés en centre jeunesse, pour rendre cette vie d’hébergement la plus normale possible dans le contexte.

On s’occupe aussi des enfants qui sont de milieux défavorisés, des enfants qui sont dans leur famille avec leurs parents mais où il y a des situations financières très précaires. On les aide avec du tutorat pour l’école, par exemple. Ce n’est pas un jugement de ma part mais y a des parents qui ne savent ni lire ni écrire ou qui n’ont pas un niveau de scolarité très élevé et une fois que leurs enfants atteignent la 3e ou la 4e année, ils ne sont plus capables de faire les mathématiques avec les enfants. L’enfant se met alors à accuser un retard alors que la base de l’éducation, c’est le primaire, et si le primaire n’est pas solide, le reste est très difficile. On s’occupe donc aussi de ces jeunes et parfois notre aide fait en sorte que ça évite un placement, ça évite un désintéressement des parents quand ils perdent l’autorité sur leur enfant et que la situation mène à l’abandon. On ne veut pas ça, donc on essaie d’aider le plus d’enfants possible.

On aide maintenant plus de 4 000 enfants annuellement, à différents niveaux: intégration sociale, santé (pour des soins très particuliers) et éducation. C’est un troisième volet qu’on a beaucoup développé au fil des années parce qu’on croit que c’est très important et que ça donne aux jeunes une meilleure chance plus tard.

En 2020, l’UMQ et Énergir ont fait un don conjoint de 2000 $ à chacun des quatre centres de réadaptation pour les jeunes en difficulté d’adaptation de la Montérégie, pour un total de 8 000$.  À quoi cette somme a-t-elle servi?

En fait, je vous dirais qu’elle a servi principalement à soutenir l’intégration sociale de jeunes en centre de réadaptation. Dans le contexte de la COVID-19, on essaie de normaliser la vie des jeunes hébergés en centre jeunesse, même si ce n’est pas facile. Pour certains, acheter une PS4, par exemple, ça va être du luxe. Quand on est 13 jeunes adolescents à vivre dans une unité qui ne sont pas nos frères ou nos sœurs, avec des intervenants qui ne sont pas nos parents, avoir un échappatoire comme un PS4 et des jeux, comme les autres jeunes ont dans leur maison, c’est important, ce n’est pas du luxe.

Ce don leur a permis d’avoir ça et de s’amuser au sein d’une unité. Pour les éducateurs, c’est aussi un outil de discipline pour les jeunes, car s’ils n’ont pas une bonne conduite, ils n’auront pas accès à ce privilège. Comme un père et une mère à la maison, la première chose qu’on va couper quand l’enfant n’écoute pas, c’est sa console. C’est la même chose pour eux, les jeunes veulent être gentils et avoir accès à leurs jeux parce que ça les divertit, ils aiment ça, et ça leur permet de socialiser avec d’autres jeunes qui ont les mêmes intérêts, comme les autres enfants de leur âge. C’est très très important dans l’intégration sociale.

Des jeux individuels ont aussi été achetés pour les jeunes, parce que même si c’est bien d’être en groupe, parfois les jeunes ont besoin d’être dans leur bulle. On leur a donc fourni des livres, des films et des jeux de société pour les petits groupes. Pour les plus grands groupes, il y a eu plusieurs achats pour le sport, par exemple des vélos et des casques. Certains jeunes vont travailler avec leur vélo ou s’en servir comme moyen de transport, en plus d’en faire pour le plaisir de faire de la bicyclette. Il y a aussi eu des achats pour du yoga.

Parfois, on serait portés à dire: « Non, on n’achète pas ça », et quand on va voir l’historique du jeune et ce que ça représenterait pour lui, on change d’idée et on accepte. Je peux vous dire que des fonds comme ceux-là, on en a besoin quotidiennement.

Comment le personnel et les jeunes ont-ils accueilli ce coup de pouce? Quelles ont été leurs réactions?

Tous les dons sont immensément appréciés, ce sont des outils très précieux pour les intervenants, pour travailler avec les jeunes et les garder motivés et heureux. C’est ce que vous avez réussi à faire grâce à votre soutien.

Comment ce type d’appui financier peut-il aider les jeunes de la DPJ de votre région? Quel est l’impact sur leur quotidien et comment cela contribue-t-il à améliorer leur qualité de vie?

Si votre enfant arrive de l’école, qu’est-ce qu’il fait habituellement, à part faire ses devoirs, souper, parler de sa journée avec vous, qu’est-ce qu’il fait en dehors de ça? Il joue. Quand on est enfant, on joue. Quand on est adulte, on se divertit, on a des loisirs, mais quand on est enfant, on joue. Quand ces jeunes arrivent dans un centre d’hébergement institutionnalisé, où ils partagent leur quotidien avec 10 ou 12 personnes, des étrangers, des inconnus, cette aide nous permet d’acheter des jeux qu’ils n’ont pas pu nécessairement amener de chez eux: une couverture qui est réconfortante, un toutou, un livre, un bloc-notes, des trucs pour faire du dessin, bref, des objets qui contribuent à normaliser leur vie le plus possible, malgré ce qu’ils vivent en centre jeunesse.

Les jeunes qui arrivent là ont de la peine, ils sont troublés. Ils n’arrivent pas là alors que tout va bien, ils sont sortis de leur milieu familial. Que pourrait-on donc faire pour le rendre plus heureux? La Fondation on est là pour ça. Le gouvernement travaille pour protéger les enfants d’eux-mêmes, de leurs parents, des autres, pour répondre à leurs besoins essentiels, fondamentaux, et nous, on est là pour toute la balance. Donc, concrètement, on bonifie leur vie et on la normalise le plus possible.

Le contexte sanitaire lié à la COVID-19 a-t-il affecté le fonctionnement des centres? Comment cela est-il vécu par les jeunes et le personnel?

C’est la même chose pour eux que pour tout le monde. Ce qu’il y a de pire, dans les mesures de confinement, c’est que parfois, certains jeunes ne peuvent pas sortir, ne peuvent pas rencontrer leurs amis ou leur famille. Mais bien entendu, il faut respecter les mesures sanitaires en vigueur, parce que la dernière chose que le personnel voudrait, ce sont des éclosions au sein des centres. Depuis le début de la pandémie, c’est une très lourde logistique, qui s’ajoute à toutes les autres tâches. Mais le personnel est encore là, il travaille auprès de ces enfants.

Si d’autres personnes, entreprises ou organismes souhaitent soutenir les jeunes de la DPJ de votre région, que doivent-ils faire?

Ils peuvent faire un don directement par le biais de nos différentes plateformes, dont le site Internet de la Fondation. Nous sommes aussi beaucoup présents sur les réseaux sociaux, les gens peuvent communiquer avec nous pour faire un don d’un certain montant. Des gens vont aussi vouloir me rencontrer. J’invite cependant les donateurs potentiels à aller visiter le site Internet de la Fondation, ils y trouveront beaucoup d’informations sur ce que l’on fait. Notre bilan annuel a été publié récemment et présente ce qu’on a fait en 2020, ce que l’on a réussi à faire dans ce contexte très particulier. Quand les entreprises ne sont pas trop sûres de survivre, elles sont évidemment moins enclines à donner aux fondations comme la nôtre pour aider ces jeunes. Plusieurs de nos donateurs souffrent beaucoup de cette pandémie et sont fermés depuis des mois mais on s’en est quand même assez bien tirés malgré tout. Nous sommes en première ligne, on aide les enfants les plus vulnérables de notre société, donc on ne pouvait pas juste fermer nos portes temporairement, ça n’a jamais été une option.

Pour en savoir plus et pour faire un don, visitez le site Web de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie.

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