Publié le 20 Décembre 2024
Depuis 2010, Olivier Legault combine ses passions pour la dynamisation des cœurs de collectivités, la mise en valeur de la saisonnalité dans les stratégies d’attractivité des territoires et le développement de milieux de vie de proximité.
C’est de saison : le retour du froid, des gants et de la première neige. C’est aussi le moment de fermer les fontaines et de retirer les bancs, les terrasses et les supports à vélo du domaine public.
C’est de saison. Mais est-ce que notre mode de vie est réellement adapté à l’hiver ? Y aura-t-il toujours un hiver de toute manière ? La réponse rapide : dans un horizon de 50 ans, oui.
Alors que l’hibernation reste l’option privilégiée pour certaines personnes, d’autres souhaitent maintenir un milieu de vie actif, de proximité, où les plaisirs d’hiver et le bon voisinage sont mis de l’avant. Voici quelques exemples pour repenser l’occupation de nos rues principales, nos centres-villes et nos cœurs de village afin de vivre davantage notre climat hivernal.
Dans les meilleurs cas, un noyau villageois comme celui du village de Val-David a la chance d’être à distance de marche d’une piste de ski de fond, d’un parc régional et de centres de ski, si bien que les plaisirs d’hiver sont omniprésents en plein cœur du village. Par sa localisation, ce cœur villageois s’ajuste de lui-même.
Globalement, l’évolution saisonnière apporte son lot d’impacts sur le chiffre d’affaires des commerces, la vitalité des espaces publics et le positionnement de ces secteurs au sein des routes touristiques régionales. Au niveau local, les cœurs de villes et villages qui peuvent s’adapter à l’hiver et compter sur une vie de proximité connaissent moins de fluctuations d’achalandage.
Un modèle de gouvernance particulier : étant avant tout un espace public situé à la rencontre des rivières Rouge et Assiniboine, The Forks est également un partenariat entre le gouvernement du Canada, le gouvernement du Manitoba et la Ville de Winnipeg. Cette entité possède le site et agit comme responsable de son développement et de sa gestion.
Un haut lieu d’activités hivernales : le mix d’activités offertes dans ce grand parc urbain du centre-ville fait en sorte que février est le troisième mois le plus achalandé après juillet et août. Il est reconnu pour son jardin d’illuminations, le sentier de patinage le plus long au pays, et les Warming Huts, un parcours d’installations artistiques constamment en évolution.
Un lieu d’innovation : véritable terreau pour les esprits créatifs, cet endroit a vu naître, en plus des Warming Huts, le premier Crockicurl et le mythique restaurant sur glace le Raw-Almond. La maîtrise foncière et la diversité des fonctions à la base de la durabilité du modèle financier : la gestion de la Halle gourmande et commerciale permet de créer une zone intérieure de rassemblement agréable et une pépinière d’entreprises en démarrage. La capacité du partenariat à tirer des revenus du stationnement, du bar, des baux commerciaux et du développement immobilier de son site permet de financer les initiatives artistiques, culturelles et récréatives. Le résultat est un endroit où se regroupent les locaux et les touristes. L’expérience de patinage se mêle à une visite d’œuvres ludiques et immersives, qui se termine au bar du marché public.
Pour vivre dans le froid, il faut avant tout un refuge où il fait chaud. Il faut également maintenir une activité physique, comme une promenade, pour réconcilier les paysages urbains et hivernaux. Pour vivre dans le froid, il faut choisir où prioriser nos efforts pour garantir une aventure hors de l’ordinaire et sécuritaire, penser dans une logique de création de réseau. Pour s’adapter à l’évolution du froid, il faut repenser notre manière de jouer dehors et de se rassembler en tant que communauté.
Et si la vie publique d’un cœur de ville ou de village prenait racine dans un bâtiment ouvert à toutes et tous, comme une halle gourmande, une salle communautaire ou un tiers-lieu?
Et si l’on réalisait des parcours d’ambiance hivernale traçant la colonne vertébrale de nos cœurs de collectivités, autour duquel nous pourrions concentrer nos efforts d’innovation? Et si on avait besoin de modèles de gouvernance de cœurs de villes et villages ayant la capacité de capter la création de valeur engendrée par leurs actions, ce qui permettrait de réinvestir dans la conception de milieux de vie attrayants, prospères, solidaires et résilients aux changements saisonniers et climatiques ?
Et si, malgré tous les défis, il y avait autant de possibilités ?
Une chose est certaine, penser l’attractivité hivernale de son cœur villageois ou de son centre-ville nous mène à la rencontre des synergies à créer entre les environnements intérieurs et extérieurs, entre le commercial et le récréatif, entre le positionnement de destination et de proximité. Le sérieux accordé à cette quête nous engage à revoir notre conception de ce que devrait être la gouvernance de notre bout de territoire le plus précieux.
Par Olivier Legault, directeur du service-conseil, Rues principales
Cet article a été publié dans le magazine URBA de décembre 2024.
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