Publié le 22 novembre 2022
Texte d’opinion paru le 20 novembre 2022 dans les six quotidiens de CN2i (Le Soleil, Le Droit, Le Nouvelliste, Le Quotidien, La Tribune, La Voix de l’Est)
Conjuguer inflation et capacité de payer de la population
Le 8 décembre prochain, le ministre des Finances présentera une mise à jour économique. De toute évidence, l’inflation, la pression sur les familles et le ralentissement de l’économie seront au menu. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) reconnaît l’ampleur des besoins et offre sa collaboration au gouvernement du Québec. Du même souffle, elle rappelle au gouvernement la nécessité d’appuyer les municipalités par une aide temporaire, mais substantielle, pour éviter d’alourdir le fardeau fiscal des citoyennes et citoyens.
Les municipalités face à la hausse de coûts
L’impact de l’inflation n’est pas ressenti de la même façon par le gouvernement et les municipalités. Pour le gouvernement du Québec, l’augmentation des prix et des salaires se traduit par des recettes supplémentaires provenant de l’impôt sur le revenu et des taxes à la consommation. Le gouvernement doit lui aussi faire face à une hausse des coûts, mais elle est surpassée par la croissance des revenus. Les projections du ministère des Finances présentées dans le rapport préélectoral montraient d’ailleurs une amélioration continue de la situation financière du gouvernement sur la période 2021-2022 à 2024-2025.
De leur côté, les municipalités subissent pleinement la réalité du gonflement des factures : les coûts de construction ont connu une croissance moyenne de 30 % depuis 2020, et au-delà de 40 % dans certaines régions; une municipalité de la Gaspésie rapporte une poussée de 16 % des coûts de la collecte de matières résiduelles due à l’augmentation du prix du carburant; une municipalité du Saguenay–Lac-Saint-Jean fait état de soumissions pour le déneigement en hausse de 200 % à 300 % par rapport au prix de l’an dernier; en Abitibi-Témiscamingue, une municipalité a reçu des propositions avoisinant les 20 millions $ pour un projet de réfection d’infrastructures en eau planifié à 5 millions $. Ces exemples illustrent le contexte avec lequel les municipalités de l’ensemble du Québec doivent composer. De plus, à cette pression à la hausse sur les coûts s’ajoutent les charges d’intérêt sur la dette des municipalités, qui ont plus que doublé étant donné la progression des taux d’intérêt des derniers mois.
Changements climatiques et transport collectif
Cette hausse généralisée des prix s’accompagne de deux défis financiers supplémentaires. D’abord, une étude récente estime que les municipalités doivent investir au moins 2 milliards $ par année, uniquement pour adapter leurs infrastructures aux changements climatiques. Ces investissements sont notamment requis pour faire face à de fortes pluies et aux variations extrêmes de température.
Ensuite, le financement du transport collectif demeure hautement problématique. Avant la pandémie, nous observions déjà un déficit structurel dans le financement du transport collectif, qui allait en s’accentuant. À cela s’est ajouté l’impact de la pandémie, qui fait en sorte que l’achalandage est en baisse par rapport à ce qu’il était avant celle-ci, alors que les municipalités se doivent de maintenir le même niveau de service. La stabilité et la prévisibilité du financement s’avèrent nécessaires pour assurer la pérennité du transport collectif. Durant la pandémie, le gouvernement a été présent en apportant une aide d’urgence. Maintenant, il faut trouver des solutions à court terme et convenir d’un nouveau cadre financier à long terme, pour régler le déficit structurel.
Une première occasion
Au cours des dernières années, le partenariat entre Québec et les municipalités a été solide et agile pour répondre aux défis posés par la pandémie et maintenir au quotidien les services essentiels à nos citoyennes et citoyens.
Aujourd’hui, le maintien de la force de ce partenariat est fondamental pour faire face aux effets de l’inflation. En ce moment, les municipalités de partout au Québec préparent leur budget pour la prochaine année. Dans le cadre de cet exercice, elles doivent composer avec une hausse de coûts importante. C’est pourquoi la mise à jour économique par Québec arrive à point nommé. C’est une première occasion pour diminuer la pression inflationniste sur les municipalités, mais aussi, pour respecter la capacité de payer de la population.
Daniel Côté
Président de l’Union des municipalités du Québec
et maire de Gaspé
Le bulletin Carrefour Municipal
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