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La relation entre l’urbanisme et la santé : une synergie à développer

Publié le 25 mars 2025

 

Le territoire est une ressource précieuse permettant aux communautés de se développer et d’offrir des milieux de vie favorisant le bien-être. Les choix en matière d’urbanisme influencent directement la santé des populations. Historiquement mises en place pour limiter l’insalubrité et la propagation des maladies, les politiques d’aménagement du territoire ont évolué en intégrant les dimensions environnementales et sanitaires. Les municipalités peuvent façonner le quotidien de la population en favorisant des environnements sociaux, physiques et économiques propices à la qualité de vie.

 

L’ÉVALUATION D’IMPACT SUR LA SANTÉ DE LA PLANIFICATION DU TERRITOIRE

Le gouvernement du Québec a souligné l’importance de l’aménagement du territoire sur la santé publique dans sa Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (2022), affirmant que « le gouvernement convie l’ensemble des acteurs à être le moteur d’un véritable projet collectif en faveur de la création de milieux de vie durables, attrayants et favorables à la santé ».

Malgré un consensus scientifique sur le lien entre environnement et santé, cette dimension est rarement prise en compte dans la planification urbaine. On réfléchit à la protection de l’environnement, au dynamisme économique, au logement et à la mobilité, mais on ne considère que rarement l’ensemble des bénéfices directs que ces décisions peuvent avoir sur la santé des résidentes et résidents.

La Ville de Saint-Jérôme se distingue en ayant intégré récemment l’Évaluation d’impact sur la santé (EIS) dans ses exercices d’aménagement, notamment dans son Programme particulier d’urbanisme du Pôle régional de la santé (2021) et son Plan d’urbanisme et de mobilité durable. En collaboration avec la Direction de santé publique des Laurentides, cette démarche a permis d’anticiper et de documenter les impacts des politiques sur la santé, favorisant des ajustements optimaux.

Les municipalités peuvent contribuer à la mise en place de quartiers en santé :

  • Un quartier propice à la marche ou à l’utilisation du vélo permet une plus grande activité physique et peut contribuer à une réduction du surpoids et de l’obésité en plus de diminuer le nombre d’accidents de la circulation
  • La densité accrue d’un secteur et la proximité à divers services permettent de diminuer l’usage de l’automobile et de réduire considérablement la pollution
  • Des espaces publics et parcs sécuritaires, inclusifs et conviviaux peuvent avoir des bienfaits sur la santé mentale et peuvent contribuer à briser l’isolement social
  • Le verdissement des espaces urbains (parcs, jardins, rues comportant une canopée suffisante, etc.) offre des opportunités pour faire de l’activité physique, procure un meilleur confort thermique et entraîne des bénéfices pour la santé mentale et le bien-être en général
  • Une amélioration de l’environnement par une meilleure offre alimentaire favorise les saines habitudes de vie du point de vue nutritionnel

 

LES LEVIERS DES MUNICIPALITÉS PAR LE TRANSPORT ACTIF

Comme le souligne M. Bruno Marchand, maire de Québec, les municipalités peuvent jouer un rôle central dans l’aménagement de milieux de vie favorisant la mobilité active et la santé publique. En repensant l’urbanisme et en adaptant l’espace public aux divers besoins des citoyennes et citoyens, elles contribuent à des environnements plus sécuritaires, inclusifs et dynamiques. « Mettre en harmonie nos villes avec la sécurité routière, ajuster notre mobilier urbain pour qu’il soit adapté. Concevoir et construire nos villes de manière à favoriser la santé. »

Le transport actif, englobant la marche, le vélo et autres déplacements nécessitant un effort physique, est une alternative écologique contribuant également à la lutte contre la sédentarité. Selon les recommandations gouvernementales, une heure d’activité physique quotidienne est nécessaire à une bonne santé, un objectif atteignable par des déplacements fonctionnels.

M. Jean-François Viens partage quelques mesures pouvant contribuer à favoriser les déplacements actifs dans les municipalités :

Réfléchir la mobilité en même temps que la planification du territoire : les plans de mobilité ont longtemps été centrés sur la fluidité des déplacements automobiles, souvent élaborés de manière isolée. Cette approche a montré ses limites, avec des problèmes de congestion et un manque de solutions de transport diversifiées. Il est essentiel de penser la mobilité et l’aménagement du territoire de façon conjointe afin de créer des milieux de vie durables et accessibles.

Réduire les distances à parcourir : pour diminuer la dépendance à l’automobile, les municipalités peuvent repenser la forme urbaine. En réduisant les distances entre les lieux de résidence, de travail, d’éducation, de loisirs et de services, on facilite les déplacements actifs. La densification des milieux de vie et la mixité des usages permettent de concevoir des quartiers où chacune et chacun peut se déplacer à pied ou à vélo en toute simplicité.

Proposer des aménagements sécuritaires et de qualité : la promotion des déplacements actifs repose sur des infrastructures accessibles, sécuritaires et agréables. Pour y parvenir, les municipalités peuvent aménager des corridors piétonniers et des pistes cyclables reliant des destinations clés, sécuriser les parcours avec des traversées piétonnes et des saillies de trottoir, et ajouter des espaces verts pour rendre les trajets plus conviviaux. La mise en place de systèmes de vélopartage et de stationnements sécurisés pour vélos, ainsi que l’ajout de mobilier urbain pour le repos, contribue à favoriser une mobilité active et à améliorer la qualité de vie de l’ensemble de la population.

 

VERS UNE APPROCHE GLOBALE DE L’URBANISME ET DE LA SANTÉ

Au-delà de la mobilité, ces pratiques s’appliquent à d’autres aspects tels que le verdissement, l’offre alimentaire ou la création de milieux de vie complets et durables. L’interaction entre urbanisme et santé génère des bénéfices pour l’environnement, l’économie et les collectivités, illustrant la nécessité d’une planification concertée.

Mme Sylvie Bernier partage également cet avis, « s’unir pour la santé collective est la clé. Il est essentiel que les décideurs, la population et les organisations travaillent ensemble pour façonner un avenir plus sain et durable. L’idée n’est pas seulement de développer des initiatives, mais aussi de déconstruire ce qui ne fonctionne pas afin de mieux reconstruire les milieux de vie de demain. Avec des politiques adaptées, des infrastructures bien pensées, des initiatives innovantes et une mobilisation citoyenne forte, nous pouvons transformer les municipalités en lieux de vie dynamiques, sains et inclusifs. »

Elle complète en ajoutant qu’« une approche centrée sur les plus vulnérables et sur une vision inclusive est essentielle. En aménageant des milieux favorisant l’activité physique et la saine alimentation, on répond non seulement aux besoins des jeunes, mais aussi des personnes aînées et des populations à mobilité réduite. »

Pour véritablement transformer les municipalités en lieux de vie dynamiques, sains et inclusifs, il est essentiel de mettre de nouvelles lunettes, celles qui placent la santé durable au cœur des actions et décisions municipales.

 

Pour en savoir plus sur l’aménagement du territoire

Contactez :

Jean-François Sabourin
Chef de service au service-conseil en aménagement du territoire
[email protected]
514 282-7700 poste 262

 

Cet article a été publié dans le magazine URBA de mars 2025.

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